Nelson, la rencontre

J’ai rencontré Nelson en juillet 2017.
La saison des pluies avait commencé et j’avais trouvé refuge dans la Baie de Honda près de Puerto Princesse sur l’île de Palawan aux Philippines.
Je naviguais alors depuis 4 ans entre la mer de Sulu et la mer de Chine.
J’étais protégé des vents dominants à cette saison mais les orages rythmaient notre quotidien et les débarquements à terre se faisaient plus rares.

Lors d’une expédition avec mes deux enfants à la recherche de noix de coco pour agrémenter notre nourriture quotidienne plutôt monotone, je fus aidé par un pêcheur local qui m’invita dans sa maison non loin de mon mouillage.

Cette homme d’une cinquantaine d’années vivait sur une maison sur pilotis construite de ses mains sur une langue de sable isolée. Il s’appelait Nelson et vivait là depuis une dizaine d’années.
Il m’accueillit pour un repas qui se répéta presque tous les jours au fils des semaines.
Je trouvais intéressant cet homme qui vivait en ermite sur cette construction ingénieuse.

Il avait installé une structure hydroponique de fortune, des systèmes de récolte d’eau de pluie.
Son banc de sable recelait une multitude de coquillages en tout genre que mes enfants récoltaient religieusement pendant des heures à l’ombre de cette construction.

Elle mêlait le nipa (tressage de feuilles séchées) et structure en bois et béton rudimentaire, laissant ça et là, des barres de métal structurant l’espace. 
Ces nouvelles lignes de fuites dessinaient de magnifiques ombres portées sur le glacis de l’eau, typique des périodes de calme avant l’orage tant redouté.

Nelson avait pour moi toute les qualités de ces Hommes que ma vie autour du monde m’avait amené à rencontrer. Il m’accueillit simplement, sans jugement apparent.
L’interaction avec mes enfants fut immédiate et très vite il développa une belle complicité tournée autour des mille et une façons de capturer et cuisiner poissons, coquillages, calamars etc…

Tout comme en Afrique, en Amazonie ou au fin fond des îles Micronésiennes,
Je trouvais là ma place.
Je voyais en Nelson le portrait iconique de ces Hommes invisibles sans sous et pourtant si riches de leurs savoirs construits sur leur résilience et leur indéfectible envie de vivre.

Comme une évidence, le projet artistique tant réfléchi ne pouvait avoir que l’Humain comme fondation et Nelson me semblait être le premier portrait tout trouvé.
Restait donc à présenter Nelson à Anne-Laure pour validation et ouvrir cette nouvelle page de notre histoire.