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Les collages

Installations

Pourquoi poser à Deauville nos appareils photos, puis nos collages, après l’avoir fait en mer de Sulu chez les Tagbanuas et les Badjaos ou à la Cité du Refuge de l’Armée du Salut ? Peut-être parce qu’au-delà des clichés -pas les nôtres, ceux des autres- on se disait que Deauville, comme toutes les villes, a milles visages.

Des visages, on en a choisi quelques-uns, au hasard des rencontres : celui du maitre-nageur de la piscine olympique, de l ‘épicier du port, de femmes bénéficiaires de La Croix Rouge, d’une ancienne médecin, d’un légionnaire reconverti etc… Des visages qui ont des histoires. Des histoires qu’on colle sur leurs visages. Des visages qui disparaissent, pour se reconstruire autrement, et dire à la fois ce qu’ils ont de singulier et ce qu’ils ont d’universel. 

Des portraits qui habitent l’espace, et pas n’importe lequel. L’espace où chacun vit, travaille, ou se rencontre. Un espace tangible, dont on raconte aussi un peu de l’histoire. Une histoire minuscule, peut-être, à hauteur de femme, à hauteur d’homme. Mais une histoire mise à l’échelle du lieu où se déroule cette histoire, pour symboliser le lien intime à l’espace, faire des murs, des sols, des toits le support d’une poésie par la pose. Puis une histoire vue d’en haut, vue du ciel, pour mettre en perspective histoire(s) et espace(s), horizontal et vertical, ralentir le temps, immortaliser l’éphémère.

Que nous racontent ces portraits sans visage, ces visages sans regard ? Des histoires de passions, de souvenirs, de rêves, de regrets, de départs, de retours. Des fragments de vie, des morceaux de récit, forcément personnels, subjectifs, reconstruits. C’est justement à cela que sert le collage : à reconstruire, pour permettre à ces fragments de faire écho dans le regard de l’autre. 

L’histoire qu’ils nous ont raconté avec leurs mots, celle que nous vous racontons avec nos images, çà pourrait être la vôtre, ou celle d’un autre. Cet homme ou cette femme sans visage, çà pourrait être vous. Et si, la prochaine fois que vous croisez un regard, vous essayiez d’y voir les images qu’il raconte, plutôt que celle que vous avez de lui ? Vous verrez, on voit la vie en beaucoup plus grand.

Les croquis